Pirates S.p.r.l. (a.g.d.g. ?)

Vittorio Mangiarotti, fecit

160.000.000 USD est le bénéfice consolidé avec lequel les pirates somaliens ont clôturé l’année fiscale 2011. Leur avenir se présente sous les meilleurs auspices car, déjà au premier janvier 2012, ils pouvaient compter sur 31 navires séquestrés et 714 marins en otage. Donc, avec une moyenne de 4/5 millions par bateau, le budget est quasiment bouclé.

On pourrait objecter que pour obtenir un bénéfice il faut engager des frais, très juste, seulement les frais ce sont les autres qui les assument et, suivant l’Oceans Beyon Piracy, le cout annuel des moyens mis en œuvre pour combattre la piraterie varie entre : 7 et 12 milliards de USD, y compris les 1.270 millions de la mythique Opération Atlante.

Donc, brutalement parlant, on dépense une dizaine de milliards pour arrêter et relaxer une centaine de pirates et payer 160 millions de rançons ! C’est à se demander s’il ne serait pas plus raisonnable d’ajouter aux 550 millions annuels d’aide humanitaire les 160 millions et éviter toutes les tracasseries.

Dans ces conditions on comprends que les aspirants soient nombreux, mais ne devient pas pirate qui veut, il faut s’affilier à une organisation qui octroie l’accès à la profession. Le choix est varié et comprend: plusieurs Jihad islamiques, les anciennes triades comme : Sun-Yee-on, 14K, ou Wo Tch’eng-wo (Hong-Kong) et Tch’ou Louang-p’ang (Taipei). Pour les japonais le maître choix sont les grandes confréries yakuzas : Yamagushi-gumi (Kobe) Matsuda-gumi (Osaka) et Inagawa-kai (Tokyo).

Pour ceux qui préfèrent l’artisanat les escales de Dubaï, Manille, ou  Sandakan sont réputés pouvoir offrir un service « all inclusive » sans faille. Pour un prix moyen de 300.000 USD, on vous livre le bateau et sa cargaison, dans le port et avec le pavillon que vous avez choisi.  Un conseil, toutefois, avant de s’installer à Dubaï, il vaut mieux entrer dans les grâces d’un très aimable armateur somalien qui fait, paraît il, le bon et le mauvais temps.

Certains pourraient supposer que la vie de pirate soit dangereuse et le bénéfice incertain, la lecture des rapports du B.M.I. se charge de les rassurer. Le tir aux pirates est strictement interdit s’agissant, paraît il, d’une espèce en voie de disparition, au même titre que l’ours Panda.  Font exception les marines russe et israélienne aux quelles les pirates, offusqués par tant d’insolence, ne prêtent plus aucune attention.  Quant aux rémunérations, elles sont parfaitement codifiées: 8.000 USD pour les gardes, 20.000 USD, pour les chefs et ainsi de suite. Ces émoluments sont assortis de plusieurs primes, par exemple, le premier à l’abordage reçoit : une voiture, une femme et un bonus.  Les familles des victimes d’incidents sur le travail ne sont pas oubliées non plus, et reçoivent une indemnité minime de 15.000 USD.

 

Il ne faut pas non plus se tracasser pour la mobilité car, mis à part les rares sorties en mer, l’essentiel du travail consiste à surveiller bateaux et otages dans des endroits aussi réputés que confortables : Eyl, Hobyo, Xarardheere, Garowe  et Bosasso en Somalie, Zhangijagang et Haikou en Chine, Aceh en Indonesie, etc.

Maintenant la question est : si on connaît les auteurs et les lieux, pourquoi ne pas mettre fin à tout ce cirque qui nous coute, ne l’oublions pas, 10.000.000.000 USD par an ?

Une des raisons pourrait être que tout le monde y trouve son compte : les assurances qui peuvent doubler leurs prix, les médiateurs qui reçoivent une partie pas négligeable de la rançon, les pétroliers qui doublent leurs ventes et en fin, les Marines engagées que reçoivent des financements considérables.

Donc, tous gagnants, sauf les otages qui se font tuer et nous qui payons la note mais pour terminer dans la joie et l’allégresse, nous vous livrons ci de suite un condensé de quelques rapports du B.M.I. choisis sans la moindre préméditation.

 

Navires à l’entrée du port de Leam Chabang

 

Cargo « Tenyu », avec 3.000 t. de lingots d’aluminium, disparaît en mer de Chine, est retrouvé trois mois plus tard, à Zhangijagang sous pavillon chinois et avec le nom de « Sanei 1». Quant aux lingots ils ont été vendus à un marchand chinois.

Navire « Selayang » les pirates oublient de déconnecter le Ship-Loc et entrent dans les eaux territoriales indonésiennes. Le B.M.I. informe la marine de Jakarta et à chaque foi que celle ci reçoit la position du bateau, ce dernier change de cap !

Pétrolier « Petro Ranger », avec 11.000 t. de gazole, abordé par les indonésiens est arrêté par la marine chinoise et détourné vers Haikou, les 12 pirates sont expulsés vers l’Indonésie qui les libère aussitôt. Le gazole disparaît et le navire bat pavillon chinois.

Remorqueur « Svitzer Korsakov » l’équipage se retranche en lieu sur et demande, en vain, l’intervention de la marine. La rançon est payée et quand le capitaine du Korsakov interroge les officiers de la corvette censée intervenir, un répond qu’on a rien entendu et le deuxième que « même si on entend, on n’a pas d’ordres… » !! 

Dulcis in fundo

Les rançons, en billets de 20 ou 50 USD (impérativement imprimés après 2000), sont souvent larguées par avion à partir du Kenya. Les forces « anti pirates » qui surveillent les livraisons admettent que les disputes durant la répartition du butin semblent faire plus de victimes que la lutte à la piraterie.

C’est le cas de dire « Sauve qui peut »

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