Le Siam et les armes

Vittorio Mangiarotti, fecit

 

Avec +38°C à l’ombre et une humidité tropicale, nous rentrons à Bangkok, après un périple de 6.000 Km dans le Nord-est de la Thaïlande. Enfin, six mille c’est, à peu près le nombre des kilomètres que nous avons parcouru sur un Pick-up Isuzu conduit par un admirateur de Fittipaldi. Une bonne centaine nous les avons franchis à pieds pour visiter une dizaine de villes et un nombre impressionnant de temples.  Les plus durs furent ceux faits à genoux en honneur des divinités pour fêter lesquelles nous étions immanquablement invités.

 

La fatigue des rotules fut compensée par le plaisir des mandibules. Nous avons pu goûter : le limule de 60 millions d’années, le serpent, le crocodile, les œufs pourris dans le sel, le calamar géant, les méduses et un tas d’autre plats aux noms imprononçables.  Complices la pénombre et la distraction, nous avons aussi mordu le piment thaï. Un moment inoubliable, c’est comme mordre un pétard, juste pour se faire exploser toutes les obturations des molaire et maudire : la serveuse, le restaurant et l’Asie toute entière.  

 

Bref, mis à part le piment rien à signaler, d’autant plus que nombre parmi vous connaît la Thaïlande bien mieux que nous.

 

Pour ceux qui feraient semblant de ne pas la connaître, juste pour nous faire plaisir, voici ce que nous avons retenu.

Population : 66,8 millions d’habitants, mais on croit le double car ils sont perpétuellement dans les rues. Occupation principale, grignoter tout ce qui : pousse, vole, nage, rampe, marche ou sautille sur le Globe terrestre.

Ils sont gouvernés par seize ministres (oui, oui, seulement 16) qu’on n’entends jamais et une multitude de superstitions qui, elles, régissent méticuleusement chaque moment de la vie quotidienne.

La grande partie de la population ignore la signification du mot taxe, le mot « accises » n’est pas dans le dictionnaire et durant les fêtes nationales, trains et autoroutes sont gratuits.  Le reste du temps, les transports urbains ne coûtent que 8 Bhats (0,2 €) quel que soit le trajet et le métro ressemble à celui de Bruxelles, le jour de son inauguration, mais avec une cadence de rame quadruple.

 

La discrimination positive y est appliquée avec beaucoup de détermination, sur base du principe lapidaire que "le thaï a toujours raison" si le thaï n’a pas raison, alors c’est l’étranger qui a tort. On comprends qu’ils adorent leur Monarque et lui manquer de respect soit puni d’une sanction allant des 25 ans à la peine de mort.

 

Pour ce qui est des armes, ce principe discriminatoire positif s’applique aussi : tout citoyen thaï a le droit d’être armé et d’utiliser son arme pour la défense de sa vie et de ses biens. En lisant les statistiques on comprends pourquoi les bijouteries peuvent garder les portes grand ouvertes même dans les lieux les plus sinistres.

 

Pour l’étranger, c’est l’inverse, il n’a pas le droit de posséder une arme quelconque. Point à la ligne.

 

Il y a pourtant de quoi se lécher les babines, il suffit de se rendre à Thanon Long Tha pour découvrir la caverne d’Ali Baba. On se retrouve dans un boulevard dans lequel, mis à part quelques bijoutier et les immanquables brouettes à soupe, tous les magasins vendent des armes.

On y trouve de tout, souvent exposé comme dans un marché oriental, les portes sont grandes ouvertes et la marchandise traîne un peu partout.

 

Quelques photos valent mieux qu’un grand discours.

Une des galeries qui permettent de se rafraîchir un peu, sans perdre le fil de la visite

 

 

On dirait Bruxelles en 1975

 

Il ne faut pas se faire des illusions, même si ce Glock est exposé en plein passage (pas de vitres) personne n’oserait le voler. Les thaïs tirent vite.

 

Il ne faut pas négliger les ruelles car elles réservent souvent des surprises.

 

Comme chez le boulanger, notez la vitrine coulissante…vers l’extérieur !

 

Un calibre 12 inconnu

 

Pas de limites au « fun »

 

Faites moi confiance, malgré l’apparence modeste, "chez Guy" on ne vends pas n’importe quoi.

 

On verrait ça à la Gare du Nord

 

De quoi provoquer un arrêt cardiaque à nos ministres !!

 

Comme vous avez pu constater, les ruelles adjacentes cachent aussi des petits secrets. On peut y trouver des ateliers folkloriques ou, deux ou trois personnes, torse nu travaillent dans la pénombre, sur des moteurs de camion, des M16 ou des Benelli, en même temps. Quelques petits ateliers mécaniques et trois ou quatre selliers complètent la panoplie des artisans locaux.

 

Les armes anciennes sont pratiquement inexistantes, on dirait que la collection telle que nous la pratiquons ne les intéresse pas.  Le peu d’armes "vintage" que nous avons vues étaient remises à neuf sans la prétention de camoufler leur usage précèdent.

 

Maintenant, les prix. Ils ne sont pratiquement jamais exposés, nous avons du tricher un peu pour en avoir un aperçu, voici le résultat de notre tricherie.

 

Parties détachées et accessoires : prix européen + 10 à 30%

Armes : prix européen

Prix armes avec faux permis : prix européen + 50%

Prix armes avec vrai faux permis : prix européen + 110%

 

Comme vous savez parfaitement, en Thaïlande, la chasse est remplacée par le braconnage qui lui, est largement pratiqué en utilisant tout ce qui est disponible : du M16 à l’arbalète avec une majorité d’armes en provenance du Laos et du Cambodge.

Le tir, par contre, jouit des faveurs de la population, les clubs ressemblent à des Guest-house d’un cercle de golf. Même le touriste peut tirer avec pratiquement toutes les armes disponibles sur place et le prix des munitions est à peine supérieur à ceux européens.

 

Voilas, nous vous avons raconté un peu de ce que nous avons vus, au Siam. D’autres choses ne méritent pas d’être évoquées et quelques unes ne peuvent pas l’être.

Il faut bien que l’Orient mystérieux conserve un peu de son mystère.

 

 

Vittorio Mangiarotti, feci

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