AMUSANT MAIS VRAI...

Au hasard des bourses d'échange, on rencontre parfois des revolvers de petit calibre (le plus souvent du type Lefaucheux 7 mm), pourvus d'un canon exagérément long (Plus de 18 cm), et dont le guidon est placé au milieu de la longueur de ce canon au lieu d'être en bout.

La plupart du temps également, la portion de canon se trouvant au-delà du guidon n'est ni alésée, ni rayée.

D'autre part, bien que tous fabriqués à Liège, ces revolvers ne portent aucun poinçon d'épreuve.

Savez-vous pourquoi ?

Ces armes sont en fait des "invendus". Elles étaient originalement destinées uniquement à l'exportation vers l'Autriche-Hongrie. Afin de protéger son industrie armurière propre, il avait édicté une loi stipulant qu'un revolver ne pouvait être accepté à l'importation que si son canon avait une longueur minimale de 18 cm. (Loi datant de 1852 et parlant de "7 pouces Viennois", c'est à dire à peu prêt 18 cm).

Cette longueur exagérée, sur une arme de poche, rendait son usage et son port malaisé.

Or, il se trouve que cette loi n'était d'application que pour les formalités douanières à l'importation, et ne s'appliquait plus aux armes une fois déclarées.

De concert avec leurs clients, les armuriers liégeois ont donc tourné la difficulté en équipant leurs armes de canons plus longs mais avec le guidon placé au milieu de la longueur. Ces armes étaient envoyées "en blanc" aux importateurs allemands, qui les faisaient éprouver à Ulm et ensuite sciaient le canon à un cm au-delà du guidon, avant de terminer l'arme.

La même loi stipulait que les pistolets à un coup ne pouvaient être importés qu'à raison d'un seul canon pour deux pistolets. Le problème fut résolu en produisant des canons de longueur double, filetés de chaque côté, avec à chaque bout...un pistolet. Il suffisait donc de scier le tube en deux pour obtenir une paire de pistolets identiques.

Petits malins, les Liégeois...

Marcel

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