Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation.

1800 - 1950".

Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS

PIRE J. & Cie

Nous avons ici un «classique» fusil modèle 1866, dit «Chassepot», qui est le premier fusil réglementaire à chargement par la culasse de l’armée française.

Marquages :

S 1867 : millésime de l’arme. Le S signifie manufacture de Saint-Etienne.

F 36255 : numéro de série.

A.F

350, 4 sur la mire.

B et D dans un cercle : marquages de contrôles des inspecteurs.

1, plaque de couche.

PRODUCTION ANNUELLE : (Arrêt de la production en Juillet 1875)

D’après les archives de la MAS :

1867 (95 000 ex) F1 – F95000, prévus 95 000 exemplaires, en fait 69 864 exemplaires.

L’arme est marquée J. Pire et Cie, Anvers. Ces établissements sont bien identifiés sur le site,

Cette entreprise vendait, outre des armes "modernes" contemporaines, des armes militaires "déclassées" issues de stocks de divers pays.

Certaines étaient démilitarisées - c'est-à-dire qu'on enlevait les éléments ayant un caractère militaire (fixations pour la baïonnette par exemple) - et transformées pour la chasse.

D'autres étaient vendues comme arme de panoplie pour les collectionneurs et autres. Ce fusil Chassepot Mle 1866 en est un exemple (annexe page du catalogue Pire de 1905 - N°92) ci-dessous :

 

Pour en savoir plus :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chassepot_mod%C3%A8le_1866

Anecdotes et culture populaire :

En raison de son implication dans plusieurs épisodes tragiques de l’Histoire de France (Guerre franco-prussienne, Guerre Garibaldienne et Commune de Paris en 1870-1871), le fusil Chassepot est devenu légendaire dans l’imaginaire collectif français. Le sabre-baïonnette Chassepot restera d’ailleurs en service jusqu’après la guerre de 14-18, porté par les fonctionnaires des forces de l'ordre (gendarmerie, police municipale, gardes champêtres).

Par exemple, le 9 novembre 1867, après avoir fait six cents morts dans les rangs garibaldiens, le général de Failly a écrit enthousiaste au ministre de la guerre Adolphe Niel : «Nos fusils Chassepot ont fait merveille !».

Le Chassepot est cité dans plusieurs chansons communardes :

La semaine sanglante de Jean-Baptiste Clément :

                                               Demain les manons, les lorettes

                                               Et les dames des beaux faubourgs

                                               Porteront sur leurs collerettes

                                               Des chassepots et des tambours

Elle n’est pas morte d’Eugène Pottier, par ailleurs auteur de «l’Internationale» :

                                            On l'a tuée à coups d'chassepots,

                          À coups de mitrailleuses,

                          Et roulée avec son drapeau

                          Dans la terre argileuse !

Jean Misère du même Eugène Pottier :

                                               Maigre salaire et nul repos,
                                               Il faut qu’on s’y fasse ou qu’on crève,
                                               Bonnets carrés et chassepots
                                               Ne se mettent jamais en grève.



Le Capitaine «Au mur» de Jean-Baptiste Clément :

                                               Fais-moi vite trouer la peau,
                                               Car j’en ai fait de la besogne
                                               Avec mon chassepot.
                                               Et d’un’, tu vois la lune !
                                               Et d’ deux : viv’ la Commune !

 

Il est également cité à plusieurs reprises dans le roman d’Emile Zola, «La Débacle» :

«Mais, surtout, ce qu’on heurtait à chaque pas, c’étaient des débris d’armes, des sabres, des baïonnettes, des chassepots, en si grand nombre, qu’ils semblaient être une végétation de la terre, une moisson qui aurait poussé, en un jour abominable…

… Pourtant, un garçon de treize à quatorze ans laissa Prosper l’approcher, et comme celui-ci, en reconnaissant un Français, le couvrait d’injures, ce garçon protesta. Quoi donc ! est-ce qu’on ne pouvait plus gagner sa vie ? Le matin, ayant fui de son village, le ventre vide depuis la veille, il s’était laissé embaucher par un entrepreneur luxembourgeois, qui avait traité avec les Prussiens, pour cette récolte des fusils sur le champ de bataille. Ceux-ci, en effet, craignaient que les armes, si elles étaient recueillies par les paysans de la frontière, ne fussent portées en Belgique, pour rentrer de là en France. Et toute une nuée de pauvres diables étaient à la chasse des fusils, cherchant des cinq sous, fouillant les herbes, pareils à ces femmes qui, la taille ployée, vont cueillir des pissenlits dans les prés».

Ce dernier passage est particulièrement significatif en mentionnant la relation avec la Belgique, apte à récupérer ces fusils afin de les «blanchir» en vue d’un retour en France, ce qui est particulièrement pertinent par rapport à l’exemplaire examiné ici.

On notera les aspects poignants et dramatiques des chansons et textes cités ici...

Enfin, on retrouve aussi le Chassepot dans l'un des textes de Jean Richepin dans son livre «Les Morts bizarres» qui porte d'ailleurs le titre suivant : «Le Chassepot du petit Jésus».

Peu exploité au cinéma, on voit néanmoins des Chassepot dans la comédie musicale «Chitty Chitty Bang Bang» de Ken Hughes en 1968, inspirée d’un roman de Ian Fleming (auteur des James Bond) aux mains de soldats.

Source (entre autres) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chassepot_mod%C3%A8le_1866

Chris, HPH

Retour "PIRE Jules & Cie"