Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation.

1800 - 1950".

Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS

LEVERD Jean Jacques

Assurément un bien drôle d’engin dont l’identification aurait sans doute pris "un certain temps" si la copie du catalogue n° 53 de 1912 de la maison J.B. Rongé Fils n’était pas tombée entre nos mains. En page 46 y figure en effet ce drôle de vistemboire dû à Jean-Jacques Leverd, qui existait en plusieurs versions, ne serait-ce déjà que pour la crosse : crosse pistolet ou anglaise, avec ou sans joue. Tous les calibres étaient disponibles, du 12 au 12 mm en passant par le 16, 20, 24, 28, 32 et 14 mm. Cet exemplaire est en deux pièces, mais il existait également des versions en trois pièces (avec canon brisé) et en quatre pièces, avec canon et crosse brisés.

Le système est directement dérivé de celui d’une baïonnette à douille. Le canon, muni de deux tétons de grandeur différente, s’encastre dans la culasse et se bloque après un petit mouvement rotatif. Le canon se libère après avoir appuyé avec le pouce droit sur le bec d’un ressort d’un peu plus d’un demi-cercle qui bloque le petit téton inférieur. L’opération est très rapide et doit se faire après le tir de chaque cartouche.

Inutile de dire que ce type d’arme a certainement dû se retrouver plus souvent entre les mains d’un braconnier que d’un honnête chasseur. Le catalogue Rongé ne mentionne hélas pas les prix, mais il ne fait pas de doute qu’il ne devait pas être très élevé, en tout cas à la fabrication.

Sur la culasse figure le mot CHAMPION, mais il n’a certainement rien à voir avec la marque THE CHAMPION déposée par Auguste Francotte, ni avec celle de THE CHAMPION of the WORLD de J.B. Rongé.

On ne sait en tout cas pas grand-chose de ce Jean-Jacques Leverd : le "Qui est qui de l’armurerie liégeoise" nous apprend que c’était un fabricant d’armes à Cheratte entre 1893 et 1902. Il a déposé deux brevets concernant des modifications aux fusils à canon simple, démontable (avec Counet ?) et un autre, en 1902 (?), portant sur une modification aux carabines Flobert.

 

Notre spécialiste es-poinçons les a identifiés comme suit :

ELG étoilé dans un ovale couronné : acceptation post 1893 ;

PV surmonté d’un lion stylisé : épreuve à la poudre sans fumée post 1898 ;

EL en cursives : épreuve provisoire post 1852 ;

B étoilé pouvant être la contremarque de Charles Roland, actif de 1927 à 1959 ;

AH accolés et étoilés : contremarque du contrôleur post 1877 ;

20-70 dans un oméga couché : calibre nominal et longueur de douille post 1924 ;

0kg743 : poids du canon pouvant tirer des cartouches à poudre sans fumée (armes lisses) au gramme près, en usage de 1924 à nos jours ;

Choke 15.9 canon choke, calibre à 22 cm de la culasse, en usage de 1924 à 1968 ;

Figure aussi la lettre O annale de 1936, qui donne donc l’année de fabrication de l’engin.

Il y a enfin un D couronné qui pourrait être la marque de Delcour-Dupont Jean (fabricant de canons de fusils) déposée le 06.06.21.

La longueur totale de l'arme est seulement de 104cm, le canon fait 64cm.

GP (avec l’aide précieuse de GG)

 

D'autres armuriers n'ont pas hésité à mettre ce fusil pour le moins particulier dans leur catalogue.

Ainsi, à la page 40 d'un catalogue de Joseph Saive, évidemment pas daté, on retrouve l'engin type 82, cette fois qualifié de FUSIL SUISSE marque "Champion", ce qui correspond d'ailleurs tout à fait à la pièce photographiée.

A noter qu'il n'existe que dans la version la plus simple de crosse anglaise et sans joue, et dans un seul calibre, le 16.

Le catalogue Alpha de 1911 présente aussi ce fusil en bas de page 298.

Notons l'autre orthographe (Levert au lieu de Leverd).

Il s'agit d'une crosse pistolet à joue, et tous les calibres sont disponibles, du 12 au 410, pour un prix variant entre 31 et 42,50 marks.

Une carabine Leclercq à clé serpent se vendait au même prix...

Brevet LEVERD de 1902 sur la modification des carabines Flobert

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