Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation.

1800 - 1950".

Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS

Genhart

Photos Littlegun

S’agit-il ici d’un pistolet à tourelles GENHART où bien du prototype de cette arme inventée par G. GHAYE de VOTTEM et dont le brevet du 14 Juillet 1856 porte le n° 3129 ? Difficile à dire sans tenir les deux armes en mains, elles sont cependant très semblables.

Il est maintenant établi que G.GHAYE aurait cédé son brevet à H. GENHART de LIEGE (voir article dans le magazine du Musée d’Armes de LIEGE).

GENHART quant à lui ne serait que co-auteur du brevet 9306/1860 pour un sertisseur-découpeur à cartouches Lefaucheux.

Il est regrettable que la présente arme ne porte aucune marque de fabriquant, uniquement les poinçons d’épreuves liégeoises !

En annexe le brevet GHAYE G.

GG

Genhart

Photos Littlegun

Heinrich Genhart

Un grand merci au personnel du Musée d'armes de Liège

qui nous a permis d'examiner cette arme et de la photographier.

Heinrich GENHART

Le système à cylindre horizontal (ou "à tourelle") de Heinrich GENHART

Dans les années 1850-1860, la recherche pour augmenter les capacités de tir des armes à feu bat son plein et de nombreux systèmes voient le jour, parfois de façon éphémère.

Le musée d’armes de Liège possède de nombreux types d’armes de ce genre et notre attention s’est plus particulièrement portée sur celles d’Heinrich GENHART à cylindre horizontal, encore appelées revolver ou carabine "à tourelle" Ce type d’arme se décline en deux versions: un revolver et une carabine-revolver.

Le revolver GENHART

L’arme que nous avons pu examiner au M.A.L. est un revolver H.GENHART breveté, système à percussion, à cylindre horizontal, d’une capacité de dix cartouches à tube-amorce de calibre 9,5 mm.

Cette arme à carcasse en bronze est d’une construction très soignée; elle comporte un canon à pans à douze rayures. L’ensemble possède une finition bronzée noir de guerre. Le pontet est à repose-doigt.

La crosse, en noyer cannelé de style Renaissance, se termine par une calotte métallique à balustre. Le couvercle du cylindre est gravé noir et les emplacements des charges indiqués par des chiffres de 1 à 10 gravés à l’or fin.

Le brevet

L’arme a été brevetée en Belgique en 1856, ce document n’a pu être retrouvé à l’Office des brevets à Bruxelles.

Les marquages

Le revolver comme la carabine portent les poinçons du banc d’épreuve de Liège, à savoir ELG étoilé dans un ovale frappé sur le cylindre, poinçon d’acceptation utilisé du 08.09.1846 au 11.07.1893 et un N couronné frappé sur le canon,  contremarque du contrôleur utilisée du 30.12.1853 au 26.01.1877.

Le fonctionnement

Le pistolet comporte un canon glissant avec échancrure latérale pour le chargement ainsi qu’un cylindre gradué tournant autour d’un axe vertical et muni d’évents dans lesquels pénètrent les tubes-amorces des cartouches. Le canon glissant pénètre dans l’alésage des chambres sous l’action d’un levier latéral situé à gauche du bâti et qui arme en même temps le mécanisme doté d’un percuteur à mouvement vertical.

Le cylindre se retire de la boîte de culasse pour le chargement et l’introduction d’une nouvelle cartouche devant le canon. Une double échancrure a été pratiquée dans le corps en bronze de la boîte de culasse; elle permet de s’assurer du nombre de cartouches tirées. Ce n’est qu’après avoir abaissé le levier à fond qu’on peut retirer le cylindre en le saisissant par son rebord supérieur.

La carabine-revolver GENHART date de 1856; elle possède un canon rayé d’un calibre de 10,5 mm alimenté par un cylindre horizontal de dix coups à tube-amorces.

Le magasin ou cylindre tourne autour d’un axe vertical et est muni de prises de feu intérieures. Contrairement à celui du revolver, le levier latéral de chargement se situe du côté droit de l’arme. Pour mettre celle-ci en oeuvre, il suffit d’effectuer trois mouvements:

 - abaisser le levier

                                         - faire pivoter le cylindre d’un dixième de tour

- relever le levier

Ces mouvements sont les mêmes pour le revolver, mis à part le fait qu’il faille avancer le cylindre au lieu de le faire reculer.

On notera la fabrication soignée de cette carabine-revolver GENHART qui peut être munie d’une double baïonnette à bouchon (voir figure 1)

La cartouche

Les accessoires nécessaires à la fabrication des cartouches à tubes-amorces sont représentés ci-dessous

La figure 4 montre la coupe verticale d’un moule à cartouches dont le fond comporte une ouverture dans laquelle s’insère la goupille cylindrique Y; celle-ci est amovible.

La figure 3 représente une cheville en fer d’un diamètre inférieur à l’ouverture du moule, percée d’un trou à son extrémité.

La figure 2 représente une pièce d’estampage pourvue d’une cavité sphérique ou conique selon la forme du projectile.

L’enveloppe de la cartouche consiste en feuilles de plomb ou d’étain de l’épaisseur du papier à lettre. L’étain est cependant préférable. On coupe les feuilles en carrés qui doivent être assez larges pour pouvoir s’enrouler d’un tour et un quart autour de la cheville de fer et assez longues pour la dépasser d’un quart de pouce. On enveloppe alors la cheville d’une de ces petites feuilles coupées de la façon décrite ci-dessus, et l’on ferme le gland en roulant entre ses doigts la partie de la feuille qui le dépasse, après quoi on l’introduit avec l’enveloppe dans le moule à cartouches. Ensuite, on donne un léger coup de marteau  sur la cheville de fer qu’on retire alors en retenant l’enveloppe. On verse ensuite avec précaution la mesure de poudre exactement remplie; on place alors le projectile et on l’introduit jusqu’au bord du moule à cartouches. Puis on frappe légèrement sur la goupille d’acier, qui fait saillie à la partie postérieure du moule, faisant ainsi tomber la cartouche.

La présence de la goupille d’acier au centre du moule a formé dans l’axe de la cartouche une cavité cylindrique à laquelle s’adapte exactement la capsule tubulaire qui doit s’y enfoncer à moitié.

Lorsqu’un nombre suffisant de cartouches sont terminées et pourvues de leurs capsules, on doit encore les enduire d’un mélange comprenant ¼ de cire et ¾ de suif.

On plonge dans ce mélange, à mi-hauteur, la partie de la cartouche qui contient la capsule; on l’en retire et on laisse durcir le mélange déposé sur l’enveloppe de la cartouche.

Le même procédé est utilisé pour la fabrication des petites et des grandes cartouches; seules changent les dimensions des feuilles et des projectiles.

Les capsules sont identiques pour tous les calibres.

Le fabricant

D’après l’encart publicitaire représenté ci-dessous, il est maintenant certain que Heinrich GENHART avait établi un atelier au 42 de la rue Aux Chevaux à Liège dans le quartier du Nord.

Diffusion du système

Heinrich GENHART a fabriqué ses armes essentiellement en vue de l’exportation vers l’Angleterre où ce système était le plus connu, ce qui n’était guère le cas sur le continent.

Il a aussi proposé ses fusils au gouvernement anglais: après le tir de 200 coups en quinze minutes au moyen d’une arme de fort calibre portant à 600 m, l’effet fut concluant Le bout du canon s’échauffa si fort pendant l’action qu’on pouvait y enflammer de la poudre fine et que le bois qui l’entourait commençait à fumer. Mais cela n’empêcha pas de poursuivre le tir sans nuire à la précision. Une autre expérience fut réalisée à l’école de tir de Vincennes: trente coups furent tirés par l’inventeur en trente minutes à 250 mètres. Tous à l’exception des deux premiers coups atteignirent le blanc, d’environ 50 centimètres de diamètre. Ce résultat fut jugé extraordinaire mais le commandant MINIE, chargé par le gouvernement français de lui faire un rapport sur l’arme GENHART, estima qu’elle n’était pas adaptée au service de l’armée en raison de son poids et de la difficulté de chargement. Le fusil pesait 6,250 kilos! Malgré cela le gouvernement impérial passa une petite commande que GENHART ne put honorer!

L’intéressé n’est resté inscrit que deux ans au registre des fabricants reconnus au banc d’épreuve de Liège, ce qui laisse planer des doutes quant à une production importante de ses armes. Il est plus probable que leur diffusion fut assez restreinte.

L’inventeur

En ce qui concerne l’inventeur Heinrich GENHART, nous en savons peu de chose.

D’après l’auteur John DEANE, l’intéressé était officier d’artillerie dans l’armée suisse. Il figure pourtant au registre des fabricants du banc d’épreuves de Liège de 1857 à 1859. Il semble avoir vécu dans divers pays d’Europe, notamment en Angleterre et en Belgique, à Liège plus particulièrement. La gravure reproduite ci-contre le montre en pied et exhibant fièrement ses armes.

G.G.

Un autre revolver Genhart

Merci au collectionneur qui nous a gentiment envoyé ces photos.

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